

Année de parution : 1976 |
Pays d’origine : États-Unis |
Édition : Vinyle, Inner City – 2010 |
Style : Avant-Garde Jazz, Jazz Fusion, Spiritual Jazz, Free Jazz, Post-Bop |
Hey toi jeunot… Oui toi ! Tu te cherches un album de Sun Ra qui peut PRESQUE (je dis bien « presque ») jouer en fond sonore lors de ton souper spaghetti du mardi soir en famille ? Tu veux aussi que ce disque, par le fait même, fasse en quelque sorte le pont entre le Sun Ra acoustique des débuts et le Sun Ra plus funky/électro/discoïde de la deuxième moitié des seventies acidulés ? Bref, tu veux une fusion quasi-parfaite de tout le spectre sonore de l’homme casqué de Saturne ; mais sans verser trop profondément du côté de ses essais Jazz Libre chaotiquement décalibrés (que tu te réserves plutôt pour ces moments de recueillement solitaire suprême aux heures pâles de la nuit)… Et bien, j’ai justement la galette qu’il te faut !
Bienvenue dans ce Cosmos bienveillant, à la fois grisant/opiacé/foutraque par bouts (ça demeure du Ra Soleil après tout) mais quand même bigrement bien structuré et finement ficelé. C’est pas mal le disque parfait pour s’initier au compositeur/pianiste/philosophe des étoiles préféré des petits et des moins petits. On y retrouve des pistes très Swing qui rappellent les offrandes discographiques late 50s/early 60s de l’Arkestra mais le tout saupoudré par cette petite touche jazz-ambient-relax promulguée par le space moog onirique de monsieur Ra (instrument qui était son nouveau petit joujou préféré à ce moment là). Le vaisseau-arche traverse ici une galaxie particulièrement smoothy-licieuse, constituée de planètes(-pistes sonores) bleutées-pourpres-argentées.
L’ambiance d’un disque de Sun Ra est toujours extrêmement particulière. Il faut écouter quelques disques de l’homme pour commencer à pénétrer vraiment dans son univers bruitatif totalement « autre »… La musique de Sun Ra, c’est un rêve. Du Dream-Jazz en somme. Et parfois, nos rêves sont plus concis, les contours plus nets, mieux dessinés ; ça se tient quand même bien… d’autres fois, c’est juste du maboulisme pur jus ; la réalité n’est plus qu’un distant souvenir, tout s’efface, se disloque et se reconstruit célestement sous de nouvelles formes et anti-formes dans la chambre nuptiale de Morphée… Mais peu importe le degré de déraison du dit songe, il y a toujours ce petit côté brumeux-irréel-nébuleux. Et cet aspect là est toujours prévalent chez Sun Ra… Et teinte donc ce Cosmos tout chimérique qu’il l’est. Claviers atmosphériques, basse électrique, flûtes et saxo multiples, basson, clarinette, trompette, cor français, batterie, trombone et voix disparates (qui récitent un mantra sur la première pièce de la Face B, superbe)… Tant d’éléments contribuant à produire ce brouillard jazzy narcotiquement vôtre, cette substance sonore affranchie, énigmatique et belle à en pleurer.
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C’est précisément l’entrée vinyle que ja choisie pour pénétrer dans le temple de dieu cosmique du jazz. Un peu dérouté que je fût par la forme, j’avoue l’avoir rangé un peu prématurément. Mais heureusement, cette chronique vient réveiller mon goût de l’exploration, réactive ma fibre d’aventurier du Cosmos. Je file le remettre sous le diamant.
Here comes the Sun Ra.
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