Alcest – Le Secret

Année de parution : 2005/2011
Pays d’origine : France
Édition : Vinyle, Prophecy Productions – 2020
Style : Black Metal, Shoegaze (naissance du Blackgaze)

C’est l’histoire d’un garçon frêle, chétif, rêveur, mélancolique jusqu’à la moelle. Il passe les premières années de vie de jeune adulte à hurler (comme personne n’a jamais hurlé avant ni après) auprès de sombres acolytes peu recommandables (et aux affiliations politiques on ne peut plus louches). Il mugit Baudelaire au sein de Mortifera ; et assure les claviers et la batterie chez Peste Noire. Mais ce n’est pas tout à fait lui, ça… Il est beaucoup plus doux et angélique que ça en réalité notre ami Neige. Il se cherche encore. Et c’est avec ce EP merveilleux de Alcest (projet solo fondé alors qu’il était adolescent) qu’il se découvre enfin. Le résultat est bluffant. Ce n’est plus tout à fait du Black Metal, mais on y retrouve quand même ces arpèges élégiaques emblématiques du genre, ces riffs tout en trémolos tremblotants et ces cris de possédé dont lui seul a le secret (oh, oh !). Il y a aussi cet aspect post-rock/shoegaze (pensez à Slowdive surtout) et des vocaux clairs, bienveillants, affables, limite efféminés… C’est la naissance du Blackgaze, m’sieurs-dames ! Un style souvent raillé (à tort ou à raison, selon les groupes et albums) mais dont Neige est et demeure à ce jour le « quality standard ». Personne ne fera aussi personnel et aussi enivrant dans le créneau…

Alcest, c’est une plongée romantique dans la féérie de l’enfance ; cette période où tout peut nous apparaître comme magique, où notre imaginaire déborde et n’est pas encore asservi par les laideurs parfois trop apparentes du monde moderne. C’est un refuge dans un sous-bois automnal mystique, à la fois assombri par des cieux de branches enchevêtrées et illuminé par les quelques rayons de Soleil qui réussissent à se frayer un chemin à travers la nature luxuriante. C’est une musique volontairement simple et hypnagogique. Le ton est à l’apaisement et l’imagerie forestière crée par ces deux longues pièces rêveuses est aussi magnifique que lumineuse. La voix claire et douce de Neige vient saupoudrer ces lacs de guitare hypnotique, ces champs colorés se balançant sous les effluves percussives qui dans leur essence même nous rappellent les rythmiques brumeuses du Ride de l’époque « Nowhere ». Et quand, dans « Élévation » (second morceau ici présent), les vocaux deviennent plus aigres, on n’a pas l’impression qu’ils sont déversoir de haine, mais plutôt une manière d’évacuer un trop plein d’émotions emmagasinées… Ça ne fait pas peur. Ça prend plutôt aux tripes. Je le répète : personne ne crie comme Neige.

Cette version vinyle du EP se voit greffée de versions ré-enregistrés (en 2011) des deux pistes originellement parues en 2005. Bien qu’excellentes et plus soignées au niveau technique, rien ne bat pour moi le charme très amateur et lo-fi des versions d’origines. À leur écoute, on sent naître un artiste et par le fait-même : un hybride musical qui fera date.


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