

Année de parution : 1973 |
Pays d’origine : Brésil |
Édition : CD, EMI – 2004 |
Style : MPB, Psychedelic, Avant-Folk, Jazz Fusion, Expérimental |
Un voyage shamanique dans la jungle psychédélique vespérale. Un épais brouillard d’euphories diverses suspendues. La saudade sur les champignons hallu. Tristesse profonde et tentative d’évasion d’une dictature des mots et des idées (l’album sera dépouillé de pratiquement toutes ses paroles pour permettre sa sortie) à travers une musique déstructurée, foisonnante, brumeuse, noctambule, agitée par un vent céleste. Une oeuvre qui malgré son côté parfois maximaliste, respire dans la nuit caniculaire et végétale. Des orchestrations éparses complètement magistrales, un jazz fusion libre à la Bitches Brew mais forestier plutôt qu’urbain… Le sax le plus cathartique que t’entendras de ta vie, mec. Cris d’animaux qui résonnent dans la sorgue vermeille. Chants et pleurs humains naturalistes qui s’élèvent dans une obscurité moite. Émotion à fleur de peau, brute, honnête, ambivalente, confuse… Les temps confus produisent des oeuvres confuses. Mais sublimes. Comme c’est le cas de ce « Milagre dos peixes » (Miracle des poissons) qui demeure à ce jour, l’offrande discographique la plus expérimentale et « out there » d’un Milton Nascimento au bord du gouffre en ces temps incertains. Un disque ovni dérangé mais magnifique, qui te fait souvent te demander dans ton for intérieur : « Comment est-ce possible de faire de la musique aussi belle et géniale quand on souffre vraiment ? ». Un ravissement renouvelé à chaque écoute jubilatoire et tumultueuse, qui révèle toujours de nouvelles teintes sonores surréelles. Le grand piano perce-âme qui à mi-chemin, te chavirer les tripes à tribord, alors que le club des penseurs mortifiés continue de vivre en dehors des instants mourants ; dans leur imaginaire pléthorique. Un album de Jazz-Rock/MPB fantôme, recouvert du spectres d’idéaux taris, d’orgue atmosphérique, de samba désillusionnée, de violons apothéotiques, de basson langoureux, de guitares faussement festives, de percussions qui voyagent au bout de la nuit (feat Naná Vasconcelos qu’on entendra plus tard hululer sur le plus beau et nébuleux morceau du Pat Metheny Group : Au Lait).
Un album que tu vis et que tu respires autant que tu écoutes.

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